Le 24 avril 2013, au Bangladesh, le Rana Plaza s’effondre et coûte la vie à 1135 personnes, majoritairement des femmes. Cet immeuble abritait plusieurs ateliers de confection pour de grandes marques internationales de l’industrie textile. Cette catastrophe, appelée la « catastrophe de l’usine de Dacca », a mis en lumière les très nombreux problèmes écologiques et humains liés à la fast fashion et la mondialisation.
Shein, H&M, Zara, … vous connaissez tous ces empires de l’industrie textile. On parle aujourd’hui de fast fashion et même d’ultra fast fashion pour certaines de ces marques. Ce terme caractérise des marques qui renouvellent leurs vêtements à la vente plusieurs fois par saison, voire par mois (jusqu’à 52 collections par an contre 2 pour une marque classique). S’y ajoutent aujourd’hui des prix ridiculement bas, ne permettant en aucun cas de rémunérer tous les acteurs de la chaîne de manière juste et équitable et portant atteinte à l’environnement.
1 déchet par jour vous livre les 2 principales dérives de la fast fashion.
L’industrie textile est l’une des industries les plus polluantes au monde. D'après le rapport "Fashion on Climate" de McKinsey en 2020, l'industrie mondiale de la mode a produit environ 2,1 milliards de tonnes de GES (gaz à effet de serre) en 2018, soit 4 % du total mondial. C'est équivalent aux émissions annuelles combinées de GES de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni.
Pire, si aucune action n'est mise en place dans la décennie, le niveau d'émissions du secteur pourrait atteindre 2,7 milliards de tonnes par an d'ici 2030, soit un taux de croissance de 2,7% par an.
Pourtant, pour maintenir la hausse des températures à moins de 1,5 °C, le secteur textile doit diviser ses émissions de gaz à effet de serre par trois d’ici 2050.
Répartition des émissions d’un vêtement tout au long de son cycle de vie (hors usage et fin de vie) d’après les études Quantis et McKinsey.
Outre les émissions de GES, la surproduction de textiles est responsable d’une pollution massive des sols. La production intensive des matières premières, dites renouvelables, cause une contamination des sols aux engrais et aux pesticides, leur appauvrissement, ainsi qu’une consommation excessive d’eau douce. La culture du coton est particulièrement gourmande en eau et en pesticides.
La production des matières non-renouvelables et pétro-sourcées et l’ensemble des procédés de transformation, chimiques et polluants, rejettent de nombreux déchets toxiques dans les sols et les rivières.
Les marques de la fast fashion produisent à bas coût des matières premières de faible qualité et avec un rythme de production très rapide. Pour ce faire, ils produisent dans des pays où les conditions de travail sont dégradées : minima sociaux non respectés, absence de contrat, salaire de misère et bâtiments insalubres. On parle alors de sweatshops (littéralement « ateliers de sueur » ou « ateliers de misère »).
En 2020, le groupe Boohoo est accusé de faire fabriquer des vêtements dans des conditions d’esclavage contemporain (salaires à 3£50/heure) dans des ateliers textiles de Leicester.
Le documentaire choc de 2015, « The True Cost », explore la vie des travailleurs et travailleuses à bas salaires dans des pays en développement. Le réalisateur Andrew Morgan s’est rendu dans treize pays pour collecter des informations sur les conditions de travail misérables et ce documentaire a été qualifié « d’importance vitale » par bon nombre de critiques. Malgré les alertes, de très nombreux ateliers existent aujourd’hui encore dans le monde entier. On pense notamment au géant Shein, dont le nom est régulièrement associé au travail forcé des Ouïghours.
Exemple d’alternative avec la mode éthique : le cas local Sélène Provence
Pour finir sur une note plus positive, il existe heureusement des initiatives visant à promouvoir une mode plus durable et responsable, consciente de son impact environnemental et social.
Sélène Provence, entreprise née à Aix-en-Provence, promeut une mode éco-responsable, respectueuse de l’environnement et des travailleurs et travailleuses. Sa production est française ou européenne et les matières sont durables et/ou recyclées et upcyclées.
Sélène Provence, que vous pouvez suivre sur leur page Instagram, fait partie du mouvement En Mode Climat, collectif de marques françaises qui poussent pour une législation plus contraignante contre la fast fashion.
Pour continuer sur la thématique de la mode et pour éviter de s'habiller avec de la #fastfashion, retrouve notre Top 8 des bonnes raisons de s'habiller avec de la seconde main !
Sources :
- Rapport "Fashion on Climate" de McKinsey en 2020 (https://www.mckinsey.com/~/media/mckinsey/industries/retail/our%20insights/fashion%20on%20climate/fashion-on-climate-full-report.pdf)